You thought you could throw me away: Thandiwe Muriu

Il y a une vigueur et une chaleur déconcertante dans le travail et la personne de Thandiwe Muriu. À travers une hypnotisante répétition du camouflage, la jeune photographe nous transporte sur les routes des différentes expériences sociales que rencontrent les Femmes. En partant de son parcours, Muriu aborde les attentes culturelles auxquelles sont confrontées les femmes kényanes, mais aussi plus largement les femmes du monde.

You Thought You Could Throw Me Away tourne en dérision les idées préconçues d’un monde où l’hostilité et l’empathie sont au coude à coude. Pour ce faire, cette traversée dans l’univers de Thandiwe Muriu dresse le portrait des différentes étapes et espaces de réflexion qui nourrissent la créativité de l’artiste.

Une utilisation vibrante des tissus.

Tout comme le parcours de la photographe, il y a un aspect multiculturel chargé d’histoire coloniale dans l’Ankara, rendant floues les limites entre authenticité et identité imposée. Cette réflexion, cristallisée dans un premier temps autour de sa série CAMO, mène l’artiste à pousser peu à peu sa recherche autour de l’héritage colonial, de ses symboles et de l’intériorisation des préjugés. Ainsi, You Thought You Could Throw Me Away présente le préquel de la série Woven Voices. Cette entrée en matière d’un nouveau projet de recherche, remettant au premier plan les totems contemporains africains, sera pleinement présenté au cours de grandes Biennales de l’art contemporain en 2024.

Une architecture capillaire qui interpelle.

Inscrivant ses œuvres dans la lignée des artistes archivistes de l’art contemporain africain, les sujets de l'artiste sont couronnés de bâtisses capillotractées rendant leur dignité aux cheveux afro. Ces représentations comptent, à l’heure où la reconnaissance de la discrimination capillaire peine encore à franchir les frontières. Avec la série capsule Prized Possessions, Thandiwe Muriu accentue le discours et propose un espace de mise à nu, où il est possible de s’émerveiller et de rire tout en se questionnant sur la valeur apportée aux artefacts contemporains.

Des rebuts glorifiés.

Pour Thandiwe Muriu, la manipulation d’objets du quotidien est source de joie et de créativité. Redonner de la valeur à ce qui n’en a pas (ou plus) prend tout son sens sous l’objectif de l’artiste et dans la société actuelle. Il y a un parallélisme historique embarrassant entre femmes et objets. En effet, aujourd’hui encore, la place de la femme reste un débat et un questionnement public. Mais la femme n’est pas un produit éphémère que l’on décide de garder ou de jeter, elle prend de la place malgré tout, dépasse les attentes et rayonne — Un message universel que l’artiste traite avec joie, grâce et humour, bien que la libre détermination de la femme reste une bataille de notre siècle jusque dans les pays les plus libres.


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